Anatomie comparée des espèces imaginaires

Dossier pédagogique "Anatomie comparée des espèces imaginaires"

18 octobre 2025 - 15 mars 2026
Restauration du fossile de crocodile, © Kraniata

Restauration du fossile de crocodile, © Kraniata

Une exposition événement ! 

Après Nantes, Auxerre, Montbart et Montbéliard, voici à Lodève l'exposition événement !

Films, BD, comics... les univers fictionnels passionnent et regorgent d'êtres imaginaires qui empruntent leurs caractéristiques fantastiques à des espèces bien réelles. Des dragons à Totoro, du monstre Alien à la vouivre, l'exposition Anatomie comparée des espèces imaginaires, est l'opportunité de découvrir l'anatomie comparée et les sciences de l'évolution à travers l'analyse rigoureuse mais amusante d'espèces fantastiques. 

L’exposition est adaptée du livre éponyme de Jean-Sébastien Steyer et Arnaud Rafaelian. Les sculptures ont été réalisées par Manu Janssens, sculpteur anatomiste, plasticien et naturaliste. Passionné de sciences naturelles, il manifeste un grand intérêt pour les animaux fantastiques de la mythologie et du cinéma. 

En plus de la découverte d’espèces imaginaires, l’exposition prend au Musée de Lodève une dimension particulière avec la présentation de squelettes d’espèces bien réelles prêtés par l’Université  de Montpellier. 

Vous aurez aussi la chance d’observer le résultat d’une découverte spectaculaire datée de 180 millions d’années. Après 4 saisons de fouilles et 6 mois de restauration, ces ossement fossilisés du Jurassique constituent un crocodile marin de 5 mètres de long. A ce jour, c’est le premier spécimen datant du Toarcien découvert en France (Le Toarcien est le dernier étage du Jurassique inférieur)

Les fouilles ont été menées dans le département de l’Hérault de 2017 à 2020 sous la direction scientifique de Jeremy Martin, chercheur au CNRS au Laboratoire de Géologie de Lyon et en collaboration avec l’association Paléorhodania et l’aide précieuse du Groupe Archéologique Lodévois. Puis, le crocodile ainsi découvert (25 plaques de pierre, 500 kg) a été déposé dans les réserves du Musée de Lodève, le temps d’organiser le financement de sa restauration. Le voilà restauré et présenté pour la première fois.

Espèces, vivant, classement… On vous explique ! 

Le besoin de connaître et de comprendre le vivant a conduit l’humanité à nommer tout ce qui l’entoure. Tout être vivant nouvellement découvert (ou qui n’est pas connu) doit être décrit et nommé. Ce nom d’espèce, qui marque la reconnaissance de son existence, répond à des règles bien précises. Il s’écrit en latin et comporte toujours deux mots.

Toutefois, la notion d’espèce n’a cessé d’être discutée. Selon la définition la plus répandue il s’agit d’une population d’individus partageant une même niche écologique, aptes à se reproduire entre eux et à engendrer une descendance féconde. Mais si on prend le cas de la fécondité, celle-ci ne peut pas être vérifiée pour une espèce fossilisée. Ainsi, en fonction des disciplines (biologie, génétique, paléontologie, écologie …), certains critères (phénétiques, biologiques, moléculaires, anatomiques, …) sont plus exploités/mis en avant. L’ensemble des disciplines se complètent pour décrire une espèce et un consensus semble se dégager pour indiquer qu’une espèce peut être considérée comme une population d'individus suffisamment isolée génétiquement des autres populations.

On peut citer G. Lecointre, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle :

« Dans la nature il n’y a pas d’espèces : il n’apparaît que des barrières de reproduction. Les espèces, c’est nous qui les créons à partir d’un modèle théorique » 

(Revue Espèces – n° 1 – septembre 2011).

Pour mieux connaître et comprendre le vivant, les humains ont cherché à classer les êtres vivants pour appréhender leur diversité mais ce classement reflète aussi les conceptions de leur époque. Bien qu’arbitraire, toute classification est à la fois un repère pour les scientifiques et leurs débats/recherches (espèce, caractère commun, parenté, classification, évolution, biodiversité…) mais elle peut être aussi marquée par des idéologies (anthropocentrisme, colonialisme, racisme…).

La diversité actuelle des animaux et des plantes est le témoin de leur histoire. Au fil de l’évolution, chaque nouveau caractère anatomique/biologique témoigne, non d’un progrès, non d’une supériorité, mais d’un processus de sélection adaptative à son environnement à une époque donnée.

Les espèces actuelles sont également de précieux indices pour remonter dans le temps. En effet, si plusieurs espèces partagent aujourd’hui un même caractère anatomique/biologique/génétique, c’est qu’elles l’ont probablement héritée d’un ancêtre commun. Cela permet aux chercheurs de préciser l’histoire évolutive des populations et du vivant. Toutes les espèces apparaissent donc comme des ensembles hétérogènes de populations, évoluant continuellement dans le temps. Les fossiles viennent confirmer ou interroger ces grandes lignes de l’histoire des animaux et des plantes.

L’anatomie comparée : une démarche pour mieux comprendre le vivant

L’anatomie comparée est fondée par le médecin britannique Edward Tyson (1650-1708). Ses recherches consistaient à comparer la structure du cerveau des primates, tels que le chimpanzé, avec celui de l’homme. La démarche est promue au rang de science grâce à la rigueur du travail de Georges Cuvier (1769-1832). Il base son travail sur la comparaison de la structure des membres des vertébrés. 

L’anatomie comparée s’appuie aussi sur la description scientifique des espèces en étudiant les parties visibles du corps et les organes internes comme le squelette, le cœur, les poumons… Elle permet de constater les caractères communs et les différences parmi les êtres vivants et les êtres disparus y compris les fossiles. Les scientifiques peuvent ainsi mieux établir leurs liens de parenté et appréhender l’évolution des organismes au cours de l’histoire de la vie, en construisant un arbre phylogénétique.

En anatomie comparée, il s'agit de comparer l'apparence mais aussi la structure des organes. Prenons un exemple :

Le crocodile et le poulet ne se ressemblent pas. Pourtant, ils partagent des caractères, tels que le gésier ou la membrane transparente protectrice de l’oeil, hérités d’un ancêtre commun. Crocodiles et oiseaux forment un ensemble dont ne fait pas partie le varan même si le crocodile ressemble plus au varan qu’au poulet.

Oiseaux et crocodiliens sont également apparentés à des animaux fossiles, les dinosaures. Dès la fin du XIXe siècle, les anatomistes avaient déjà remarqué que la patte postérieure d’un oiseau ressemblait fort à celle d’un dinosaure comme le tyrannosaure. Dans les années 1990, des chercheurs ont mis au jour, en Chine, des fossiles de dinosaures à plumes. Les plumes ne sont plus l’apanage des oiseaux. Les oiseaux sont considérés comme des dinosaures actuels ayant survécu à  l’extinction de masse il y a 66 millions d’années. Le poulet est donc un dinosaure bien vivant ! Quand vous mangez du poulet, vous manger du dinosaure. Mais attention tous les dinosaures ne sont pas des oiseaux.

L'étude comparée des espèces vivant dans des écosystèmes proches ou au contraire différents, permet aussi de mieux comprendre la relation entre l'aspect morpho-anatomique de certains organes et leur fonction en relation avec leur environnement. Par exemple, la main des primates est adaptée à la préhension lors de la brachiation, alors que les phalanges de la main des chauves souris sont allongées pour soutenir le patagium (la peau), permettant à celle-ci voler. 

Dans la première salle de l’exposition, nous avons disposé un fil rouge sur les squelettes exposés. Ce fils permet de mettre en évidence un même organe ou le même os (ici l’humérus avec un repère gris) sur différentes espèces. Ainsi, par comparaison aux différentes espèces présentées, on peut constater les changements structurels et anatomiques de cet os en relation avec sa fonction pour chaque espèce.

Exemple du membre antérieur (organe interne) chez trois vertébrés :

oiseau
chauve-souris
bras humain










Dessins d’Arnaud Rafaelian, 2022

L'aile d'un oiseau et celle d’une chauve-souris ont la même fonction de vol sans avoir la même origine, on parle de convergence évolutive. Mais ces deux ailes ont aussi la même structure que le bras des humains mais pas la même fonction. Dans ce cas le membre antérieur est considéré comme un organe homologue. 

Cet os est un caractère homologue, hérité d’un ancêtre commun, il peut être utilisé pour établir les relations de parenté entre espèces.

On peut considérer comme homologue :

- une position anatomique identique ;

- une même origine embryonnaire ;

- des connexions similaires avec les structures voisines.

Cependant, le caractère homologue ne peut être utilisé pour classer que s’il existe au moins sous deux états ; un état ancestral et un état dérivé, apparu plus tardivement au cours de l’évolution.

Établir la distinction entre un caractère ancestral et ses caractères dérivés, appelée polarisation des caractères, permet d’introduire la notion de temps dans la classification des êtres vivants et disparus. Ainsi, la construction d’un arbre phylogénétique (ou buisson du vivant) revient à établir les relations de parenté entre différents organismes et permet de montrer leur évolution au cours du temps. 

Bien sûr, la classification phylogénétique du vivant ne s’appuie pas que sur un caractère homologue comme ici l’humérus (os marqué d’un fil rouge).

Historiquement, la comparaison des ossements est la branche de l'anatomie comparée la plus connue du public car les os présents chez les fossiles et les espèces actuelles permettent de mettre en évidence des événements majeurs de l'évolution des vertébrés par les scientifiques (anatomistes, paléontologues, systématiciens) mais les plantes et les bactéries font aussi l’objet d’études similaires.

L’anatomie comparée appliquée à Totoro 

Totoro est une star emblématique de la culture japonaise. Il apparaît pour la première fois en 1988 dans le film animé réalisé par Hayao Miyazaki et produit par le studio Ghibli. Totoro niche dans un camphrier géant (Cinnamomum camphora), arbre symbolique au Japon car c’est le premier, avec le gingko, à avoir repoussé après le bombardement d’Hiroshima. Totoro est donc un « kaiju » (bête étrange en japonais), figure poétique porteur d’espoir.Ce grand nounours aux allures de hibou, de lapin et de panda, réveille notre âme d’enfant. 

Le pelage du Totoro et sa queue touffue attestent de son pedigree mammalien. Sa truffe noire, sa moustache et ses ronronnements suggèrent un félin. Toutefois, il n’a pas de canines, comme certains rongeurs et lémuriens. Ses incisives et prémolaires ne sont pas espacées, à l’instar du daman, un petit ongulé semblable à la marmotte.

Totoro dispose probablement de sacs aériens internes, d’os creux, comme les oiseaux ou les ptérosaures (reptiles volants mésozoïques), et de poumons hypertrophiés. Il est sans doute aérophage (qui mange de l’air) et sa digestion génère du méthane, gaz plus léger que l’air.

Pour cette exposition de créatures imaginaires, le paléontologue Sébastien Steyer, exploite le concept d'anatomie comparée. Il repère ainsi des caractères (attributs) remarquables de l'espèce imaginaire étudié pour tenter de déterminer son appartenance à tel ou tel groupe actuel (taxon). Mais pour ne pas franchir les limites d'une démarche scientifique, et comme il lui manque des caractères identifiables, il offre plusieurs possibilités sans prendre position pour l'une ou l'autre.  

La démarche pratiquée ici est la même que pour de nouvelles espèces vivantes découvertes, durant laquelle les scientifiques discutent de l'appartenance à tel ou tel groupe (taxon). C’est pourquoi, la classification du vivant est encore discutée aujourd'hui au grè des découvertes et de l'exploitation de technologie plus récente comme l'utilisation de données moléculaires (ex : ADN)  

Un arbre phylogénétique, hum... qu'es aquò ? 

Ces liens de parenté, ou phylogénie, reconstitués à partir des caractères communs (anatomie génétique...), sont aujourd’hui modélisées par les systématiciens sous forme d’arbres phylogénétiques ou cladogrammes, encore appelé buisson du vivant.

L’histoire de la vie n’est pas une simple ligne droite mais un buisson foisonnant d’espèces disparues ou vivantes toujours en pleine évolution.

Totoro visible dans l’exposition. Sculpture de Manu Janssens

Totoro visible dans l’exposition. Sculpture de Manu Janssens

Arbre visible dans l’exposition, ©Projectile

Arbre visible dans l’exposition, ©Projectile

Buisson du vivant du Musée de Lodève, parcours des Sciences de la terre, © polygraphik

Buisson du vivant du Musée de Lodève, parcours des Sciences de la terre, © polygraphik

Cas de l’arbre des espèces imaginaires dans l’exposition

Cet arbre imaginaire, présenté dans l’exposition, se veut, selon leurs auteurs, Jean-Sébastien Steyer et Arnaud Rafaelian, comme un clin d’œil humoristique aux anciennes classifications du vivant. Cet arbre fait plus particulièrement référence à celui d'Ernst Haeckel publié dans "L'évolution de l'Homme" (1879).

Arbre phylogénétique imaginaire visible dans l’exposition, Jean-Sébastien Steyer et Arnaud Rafaelian

Arbre phylogénétique imaginaire visible dans l’exposition, Jean-Sébastien Steyer et Arnaud Rafaelian

Créatures imaginaires : des croyances à la science

Sirène, licorne, faune... de l’Antiquité à la période moderne

Les créatures fantastiques existent depuis les plus anciennes civilisations. Les religions païennes de l’Antiquité grec et romaine, polythéistes, s’appuient sur une grande diversité de cultes, croyances et de rites. Toutes les histoires issues de la mythologie foisonnent d’êtres imaginaires. Ils ont servi de sources d’inspiration dans toutes les expressions artistiques à travers les siècles. Ces animaux sont encore omniprésents aujourd’hui. Dragons, licornes, sphinx et phénix peuplent les œuvres de fiction et notre imaginaire.  C’est sans doute pour cela que les animaux fantastiques continuent de nous fasciner. Entre attirance et terreur, ils interrogent aussi notre rapport au monde, à la nature et à notre propre bestialité. 

Au Moyen Âge, ces créatures sont diffusées à travers les bestiaires et les récits de voyages. On pense alors que cette faune fantasmagorique vit dans des pays très lointains, notamment en Orient et en Afrique. Les sculptures des églises, les manuscrits enluminés ou les peintures murales en offrent de nombreux témoignages. Le griffon, la licorne, le dragon ou le centaure figurent parmi les créatures les plus souvent représentées. 

La notion de monstre s’applique selon Michel Meslin, historien des religions : « à tout être dont la morphologie ou les mœurs s’écartent des normes éthiques et esthétiques, des coutumes locales en vigueur, appartenant à une faune ou une peuplade inconnue de l’Occident » (Le merveilleux. L’imaginaire et les croyances en Occident, Bordas, 1984). Cette définition se rattache aux croyances médiévales, dans lesquelles tous les organismes vivants, hommes, animaux, monstres, végétaux, ont été créés par Dieu. Dans les créations divines le normal côtoie l’anormal et il en aurait été ainsi pour que l’homme puisse définir une norme, une morale du Bien et du Mal. Le corps étant le reflet de l’âme, les monstres sont considérés comme néfastes et ils symbolisent surtout le Diable. Dans les bestiaires, les animaux sont classés en bons et en mauvais, évoquant ainsi l’opposition entre faune divine et faune diabolique. Satan s’incarne, entre autres, à travers le serpent, le singe, le bouc, le dragon ou la sirène. 

La vouivre visible dans l’exposition. Sculpture de Manu Janssens. © Rafaelian

La licorne

   « Prends garde à toi, ô homme, et défie-toi de la licorne, c'est-à-dire du démon » (Saint Basile, IVe siècle). Loin de l’image sympathique qui circule aujourd’hui à travers une multitude de figurines pour enfants, la licorne a longtemps incarné le mal.

Dès l’Antiquité, des auteurs comme Aristote ou Pline l’Ancien décrivent un quadrupède à une corne. Jusqu’au XIIe siècle, la licorne ne bénéficie pas d’une bonne réputation. Dans la Bible, sa taille ne lui aurait pas permis de se réfugier dans l’Arche de Noé. Cruelle et sauvage, il paraît qu’elle attaquait les éléphants violemment et les tuait d’un seul coup de corne. Puis, progressivement, l’image qu’elle renvoie est modifiée à la faveur d’une dimension positive. Sa couleur blanche est alors associée à la pureté et à la chasteté. Il se racontait que la créature aimait tout particulièrement se blottir contre une jeune vierge. A partir de la Renaissance, son aura étant grandissant, on a prêté à sa corne des vertus médicinales. Selon les dires, elle servait d'antidote contre les poisons ou à purifier l’eau contaminée. 

Le dragon 

A la fois symbole de force, de sagesse, de chaos ou de protection, le dragon accompagne l’imaginaire de nombreuses civilisations à travers le monde depuis la nuit des temps. Au Moyen Âge, le dragon est connoté négativement. L’animal fabuleux tient une place importante dans le bestiaire biblique. Emblème de Satan et des forces du mal, il désigne ainsi le paganisme, par opposition au christianisme. L’iconographie de Saint Georges, le saint qui tue le dragon montre la victoire de la foi chrétienne sur la superstition païenne. 

En Europe, la croyance en leur existence perdure jusqu’au XVIIe siècle. Puis, le dragon est relégué  au rang des mythes avec les travaux de certains naturalistes dont Georges-Louis Leclerc de Buffon. 

Dragon. Sculpture de Manu Janssens

Légendes ou manipulations scientifiques contemporaines

L’homme de Piltdown

En 1912, le paléontologue britannique Sir Arthur Smith Woodward annonce à la communauté scientifique une découverte majeure. A Piltdown, un petit village du Royaume-Uni, Charles Dawson, un amateur de paléontologie, vient de mettre au jour un crâne qui serait le chaînon manquant dans l’évolution de l’humanité !Pourtant, cette découverte sera l’une des plus grandes supercheries scientifiques du XXe siècle. Elle ne sera définitivement dénoncée qu’en 1953 par les scientifiques de l’Université d’Oxford.

En fait, il s’agissait d’un crâne d’humain médiéval associé à une mâchoire d’orang-outan. Des analyses publiées en 2016 ont montré que les os et les dents avaient été remplis de graviers afin de les alourdir, puis usés et teintés pour leur donner une apparence de fossile. Un mastic teinté avait été utilisé pour boucher les trous et assembler les fragments du crâne provenant d’au moins deux individus. Cette imposture est aujourd’hui exploitée par les créationnistes afin de discréditer les scientifiques, la recherche actuelle et réfuter la théorie de l’évolution.

Vous pouvez découvrir l’intégralité de cette histoire et comprendre comment cette supercherie a si bien fonctionné en écoutant la vidéo de Julien Benoit d’Entracte Science du 7 octobre 2016 à 6:17 minutes : Paleonews 4- le mystère de Piltdown




Image extraite de « Paleonews 4- le mystère de Piltdown, anthropocène et extinction », Entracte Science, 2016

Le mystérieux Mokélé-mbembé existe t-il vraiment ?

Comme pour le monstre du Loch Ness, très connu en Écosse, les habitants locaux du Congo décrivent un être extraordinaire, le Mokélé-mbembé, vivant dans des lacs isolés et inaccessibles. Des expéditions ont tenté d’y voir plus clair, avec notamment la dernière, en juillet 2024, qui a permis d’étudier la biodiversité du lac Télé, celui qui pourrait abriter ce dinosaure vivant (voir la revue « Espèces » mars 2025, « les multiples énigmes du lac Télé » par David Brugière )

Cependant, jusqu'à ce jour, aucune expédition n'a pu observer le Mokélé-mbembé, ni trouver de preuves de son existence. Photos plus ou moins floues et témoignages divergents pullulent. Il y a même des images aériennes imprécises d'une expédition japonaise survolant le lac Télé en 1988, rendues publiques en 1992 dans un documentaire de la BBC, Spirits of The Forest.

Les cryptozoologues, ceux qui étudient « les animaux cachés », pensent que le Mokélé-mbembé pourrait être une espèce de dinosaure sauropode. Mais ils lui attribuent une forme et un mode de vie tel qu'on l'imaginait de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Cette perception des dinosaures a été abandonnée, elle n’est plus conforme à l'état actuel des connaissances scientifiques.

Pour les zoologues et ethnologues, le Mokélé-mbembé est un élément de la mythologie pygmée, dont la légende est transmise oralement depuis des générations. Il pourrait aussi s'agir d'une incompréhension des européens car les descriptions recueillies laissent à penser que l’animal ressemblerait soit à un hippopotame soit à un rhinocéros soit à un crocodile. Dans cette croyance, on retrouve le même problème que pour le monstre du Loch Ness ou tout autre monstre mythique : pour qu'une espèce d'une telle taille survive à travers les âges par reproduction sexuée, il lui faudrait un grand nombre de représentants, de l'ordre d'un millier au moins. Or aucun témoignage ne mentionne l’apparition de deux Mokélé-mbembé en même temps, ni d’individus juvéniles et encore moins de sites de nidification.

Pour vous permettre d’aller plus loin sur le Mokélé-mbembé, deux vidéos d’Entracte Science : 
Mokele Mbembe, 5 raisons de ne pas y croire et Le Mokele Mbembe et Brachiosaurus . 
Serait-il un géomythe inspiré par des fossiles et influencé plus tard par les découvertes paléontologiques en Afrique au début du XXe siècle 


Illustrations : Wikicommons

Illustrations : Wikicommons

Développer un esprit critique : une nécessité d’actualité 

De nos jours, les réseaux sociaux, l’Intelligence Artificiel, l’ultra communication sur le net… peuvent tromper chacun de nous si nous ne développons pas un esprit critique à l’égard de certaines informations. Il s’agit d’un enjeu éducatif majeur.


« Aujourd’hui plus que jamais, on a besoin de citoyens capables de faire le tri dans les informations et d’effectuer des choix pertinents » 

(Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l’éducation)

« L’esprit critique devient une compétence fondamentale que l’École doit développer chez les élèves. Car si l’esprit critique s’apprend c’est par des situations qui font réfléchir l’élève  et qui l’ouvre au débat argumenté » 

« Développer l’esprit critique est aussi important que lire, écrire et compter » 

(Gérard de Vecchi, maître de conférences en sciences de l'éducation) 


Quelques définitions

Connaissance/savoir 

Proposition élaborée selon un processus fiable, souvent en faisant appel à un collectif. Elle peut être remise en question par de nouveaux éléments. La connaissance scientifique, basée sur des données obtenues par des instruments fiables et sur des méthodes reconnues (ex : raisonnement logique), est issue d’une validation par la communauté scientifique.

Croyance  

Proposition que l’on tient pour vraie sans nécessité de preuves. Certitude individuelle et subjective qui peut reposer sur l’autorité ou sur la confiance, mais qui n’a pas été validée de façon objective. Une croyance n’est pas justifiée rationnellement et elle ne peut donc pas être réfutée.

Esprit critique 

Disposition de l’esprit qui consiste à ne jamais admettre une affirmation, un jugement ou un fait sans en avoir reconnu la légitimité rationnelle ou sans en avoir éprouvé sa valeur. L’esprit critique est la capacité à ajuster son niveau de confiance de façon appropriée selon l’évaluation de la qualité des preuves à l’appui et de la fiabilité des sources (Elena Pasquinelli, philosophe des sciences cognitives)

Exercer son esprit critique = savoir accorder sa confiance à bon escient.

Opinion

Jugement qu’un individu ou un groupe émet sur un sujet. Elle repose sur de multiples fondements, plus ou moins objectifs et rationnels : des savoirs, des croyances, des informations de sources diverses, des vécus individuels ou collectifs, ou encore des données culturelles et sociales. Une opinion est personnelle, mais elle peut être débattue, exposée, confrontée, ce qui lui permet souvent d’évoluer.


Objectifs pédagogiques de l’éducation à l’esprit critique

- Apprendre à mieux distinguer opinions, croyances et connaissances, à identifier les affirmations crédibles, reconnaître les sources fiables (par des critères spécifiques), à distinguer entre preuves solides, garanties d’objectivité, et preuves moins déterminantes (= jauger la qualité de la preuve).

- L’éducation à l’esprit critique n’est pas une éducation au doute, mais à une confiance bien calibrée, ajustée par rapport à la qualité des informations disponibles et aux connaissances.

- Améliorer les capacités de réflexion et mieux les appliquer dans des contextes et face à des contenus d’intérêt personnel ou général. 

Ainsi à travers une approche d’analyse scientifique des donnés anatomiques des êtres imaginaires et de la mise en cohérence avec des squelettes des êtres vivants actuels, les élèves développent un esprit d’analyse et de critique. Le décryptage du réel par les élèves a pour principal objectif la construction, progressive, d'un esprit éclairé et autonome. Il s’agit ainsi, par l’exploitation de l’exposition « Anatomie comparée des animaux imaginaires », de questionner leur rapport à la vérité et à leurs croyances.

Ressources 

Ouvrages

- Anatomie comparée des espèces imaginaires de Chewbacca à Totoro, Jean-Sébastien Steyer, Arnaud Rafaelian, Le cavalier bleu, 2019

- Comprendre et enseigner : la classification du vivant, sous la direction de Guillaume Lecointre, deuxième édition, Belin, 2008

- Fossiles et croyances populaires. Une paléontologie de l’imaginaire. Eric Buffetaut, Le cavalier bleu, 2023

- La classification phylogénétique du vivant, Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader, Belin,

4e édition, 2016

- Le merveilleux. L’imaginaire et les croyances en Occident, Michel Meslin, Bordas, 1984

- Monstres, merveilles et créatures fantastiques, sous la direction de Martial Guédron, Hazan, 2011

Sites internet proposés 

Comparaison des arbres phylogénétiques de Darwin et Haeckel 

http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/evolution/logiciels/phylogene/ 

telechargements-enseignants/situations-problemes/lechelle-des-etres-dhaeckel 

Le buisson du vivant 

https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img492-2015-04-06.xml 

La classification du vivant, mode d’emploi

https://planet-vie.ens.fr/thematiques/evolution/classification-phylogenie/la-classification-du-vivant-mode-d-emploi

Eduscol 

Former l'esprit critique des élèves | éduscol | Ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche | Dgesco https://eduscol.education.fr/1538/former-l-esprit-critique-des-eleves

Visiter l’exposition avec une classe

Modalités de visite

- Visite guidée : visite animée par un(e) médiateur(trice) du musée, adaptée aux enfants de chaque âge. 30 minutes pour le cycle 1 (visite guidée en demi-classe en fonction de l’effectif de la classe pour ce cycle), 45 minutes pour les cycles 2, 3, 4, lycéens et étudiants.

- Atelier "Je crée mon espèce imaginaire" (cycle 1 à cycle 3) : après avoir créer leur créature imaginaire, les élèves, comme des scientifiques, créent leur propre arbre de classification. 

- Visite en autonomie : venez seul(e) avec votre classe en vous appuyant sur le dossier pédagogique et les cartels présents dans l'exposition.

Renseignements et réservations

Service éducatif musée-patrimoine 

Sophie Clarinval
scolaires.museepatrimoine@lodevoisetlarzac.fr
04 11 95 02 16

Pour découvrir toutes les activités que nous proposons au musée et sur la patrimoine

https://www.museedelodeve.fr/visiteur/un-accueil-groupe-enfant

Pour vous inscrire à la newsletter du service éducatif musée - patrimoine

https://www.museedelodeve.fr/s-inscrire-a-la-newsletter


Image extraite de « Paleonews 4- le mystère de Piltdown, anthropocène et extinction », Entracte Science, 2016

Ce crâne de dragon présenté dans l’exposition a été sculpté à partir d’un moulage de Spinosaurus, l’un des plus grands dinosaures carnivores au monde. L’ossature de cet animal était d’environ 15 mètres et il devait peser 8 tonnes. 



Crâne de dragon visible dans l’exposition. Sculpture de Manu Janssens


Planche anatomique visible dans l’exposition. Dessin d’Arnaud Rafaelian







Planche anatomique visible dans l’exposition. Dessin d’Arnaud Rafaelian

A  cela, se sont ajoutées au fil du temps, des croyance populaires qui parfois perdurent encore aujourd’hui. Ainsi, des animaux appartenant au folklore de certaines régions sont devenus très connus. On peut citer au XVIIIe siècle, une série d’attaques sur des êtres humains en Lozère qui a fait craindre l’existence d’un monstre terrifiant : la Bête du Gévaudan.

La légende de la vouivre est également un exemple intéressant. Le mot vouivre vient du latin uipera, ce qui veut dire serpent ou vipère. C'est une bête avec un corps de serpent et les ailes d'une chauve-souris. Son unique œil unique est un diamant fabuleux, l'escarboucle. Elle émet une lumière si éclatante qu’elle est souvent comparée à un éclair. 

Selon les traditions, la vouivre vit en France et en Suisse, tout particulièrement dans le Morvan, la Franche-Comté et le Jura. Les principaux témoignages proviennent de paysans qui l’auraient aperçue en train de fendre les airs telle une boule de feu. Elle vivrait dans des grottes, sous terre ou dans des ruines, souvent à proximité d’une source, on dit qu’elle s’y désaltérerait chaque soir. 



La vouivre visible dans l’exposition. Sculpture de Manu Janssens. © Rafaelian

Arbre phylogénétique, Ernst Haeckel publié dans "L'évolution de l'Homme" (1879).

Arbre phylogénétique, Ernst Haeckel publié dans "L'évolution de l'Homme" (1879).

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