Rendre visible est une exposition à quatre voix, quatre artistes qui dévoilent la nature dans ce qu'elle révèle... ou cache. D’un côté, un dialogue intime entre les œuvres de deux amis, Paul Klee et Hans Reichel. De l’autre, les vidéos, sculptures et installations d’Anne-Charlotte Finel et de Julien Discrit. Le musée est ouvert à la création contemporaine. Nous invitons régulièrement des artistes qui travaillent sur les questions du paysage, de la trace, de la métamorphose, du prélèvement... Dans les démarches artistiques de Julien Discrit et d’Anne-Charlotte Finel, il existe une porosité entre monde réel et fictionnel, entre science et imagination. Leurs œuvres cherchent à dévoiler cet invisible tapi dans l’ombre, ou enfoui dans les strates du temps et de notre mémoire. Chez ces artistes les manifestations de la nature sont détournées au profit d’un récit onirique.
L'exposition prend une dimension vertigineuse grâce à la présence de fossiles, témoins d'une nature disparue depuis des millions d'années et qui entrent en résonance avec les œuvres. L’idée de cette transversalité est d’inciter le spectateur à faire des allers-retours entre l’exposition Rendre visible et la collection permanent Sciences de la Terre. Ces fossiles sont en effet porteurs d’un univers, d’un environnement disparus. Ils sont des témoins matériels d’un contexte, d’un temps qu’ils nous rendent visibles. Ils attirent aussi notre attention sur des moments fugaces chargés d’émotion et de poésie : un fossile qui porte les traces d’impacts de gouttes de pluie, il y a 285 millions d’années… Le visiteur est ainsi amené à découvrir une approche plus scientifique à travers le parcours permanent du musée, dans lequel sur 700 m² est déployé, grâce aux fossiles, l’histoire de l’évolution sur 540 millions d’années des paysages.
Paul Klee (1879-1940), est un peintre allemand, né en Suisse, dans le canton de Berne. Son père est professeur de musique et sa mère cantatrice. Baigné dès son enfance dans la musique, il commence la pratique du violon à 7 ans. Il se dirige finalement vers la peinture mais la musique restera pour lui une grande source d’inspiration tout au long de sa vie. En 1898, Paul Klee s’installe en Allemagne et intègre l'Académie des beaux-arts de Munich. Pour se former, il voyage également en Italie puis en France. En 1906, le peintre se marie avec une jeune pianiste, Lily Stumpf.
Ses premières expositions ont lieu en 1910. À Munich, il fait la connaissance des membres du Blaue Rieter emmenés par Kandinsky. En 1912, il participe à la deuxième exposition du groupe avec exclusivement des œuvres graphiques. Quelques mois avant la Grande Guerre, Klee se rend en Tunisie accompagné du peintre August Macke. C’est un éblouissement de couleurs et de sensations. Pendant la guerre, l’artiste est appelé sous les drapeaux allemands. Il est secrétaire de l’école de l’air de Gersthofen, près de Munich.
Après la guerre, Klee est nommé professeur au Bauhaus (école d'architecture et d'arts appliqués) et expose de plus en plus. En 1919, le peintre loue un atelier au château de Suresnes de Schwabing à Munich. C'est dans ce lieu qu’il travaille d’autres techniques : la peinture à l'huile, l’aquarelle, le pastel, et la sculpture. En 1933, les nazis voient en Paul Klee un artiste dégénéré et interdisent sa peinture. Il part vivre en Suisse. Au cours des années 1930, une maladie incurable se déclare, il décède en 1940.
Le théoricien
Paul Klee est aussi considéré comme un artiste majeur du XXe siècle notamment pour son apport aux théories de l’art. En 1920, il écrit Théorie de l’art moderne, avec en phrase d’ouverture, « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible. ».
Pour Klee, le rôle de l’art n’est pas d’imiter ou de reproduire la réalité mais de la dévoiler. Klee était un grand observateur des phénomènes naturels et un ardent collectionneur de sciences naturelles. Il possédait un cabinet de curiosité, un herbier, une collection de fossiles qu’il ramassait au cours de ses promenades. La nature ne l’inspirait pas uniquement comme motif, il s’attachait aux métamorphoses imperceptibles de la nature – la croissance d’une graine par exemple – à l’idée d’une poésie silencieuse et rêveuse. A l’image de l’évolution des recherches scientifiques de l’époque, Paul Klee déclare qu’il ne faut pas se fier aux impressions mais pénétrer jusqu’à l’essence des éléments.
Un artiste - une œuvre
Port et voiliers, Paul Klee, huile sur toile, 1937
Port et voiliers, œuvre tardive dans sa carrière, résume à elle seule toute la démarche de l’artiste et relève son immense talent. Au-delà du sujet des marines très prisé par les peintres, Paul klee nous livre une vision très personnelle d’un paysage dans lequel il associe harmonieusement formes et couleurs.
Les voiliers sont évoqués par de simples triangles liés à des lignes légèrement courbes. Leur forme est soulignée par un fin cerne noir dont l’intensité est atténuée. Ces éléments graphiques ont principalement la fonction d’établir dans le plan de l’œuvre des étagements et par là un mouvement d’élévation, mais aussi des orientations, des directions qui animent, activent la surface en y faisant circuler le regard : l’oeil voit, en même temps que naît l’espace des sensations auquel cette œuvre donne forme visible sans pour autant s’ancrer dans une réalité définie.
Du point de vue technique, la fine couche de peinture offre une diversité de nuances de couleurs qui rythment la surface de la toile. Le procédé permet également de créer un subtil effet de brume marine où fonds célestes et terrestres se confondent. L’air et tout ce qui y flotte, des bateaux à voile au port sont des spectacles propices à la rêverie car rien n’est imposé au regard.
La palette de couleurs varie entre les oranges et les bleus avec des touches de mauves ; entre des tons plus foncés et des zones où les couleurs tellement diluées s’approchent du blanc ; entre des couleurs chaudes et froides qui se répondent ; et entre les couleurs complémentaires qui se mettent mutuellement en valeur. Cette approche de la couleur caractéristique de Paul Klee invite les spectateurs à laisser libre cours à leurs émotions. Il nous plonge comme dans un rêve en s’affranchissant d’une représentation littérale.
adresse postale
1 place Francis Morand
34700 Lodève
France
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